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SCÈNE I.


Entre Lucilius.
lucilius.

— Me voici aux ordres de Votre Seigneurie.

le vieillard.

— Cet homme, ta créature, seigneur Timon, — fréquente ma maison nuitamment. Je suis un mortel — ayant eu de tout temps du goût pour le profit ; — et ma fortune mérite un héritier plus opulent — qu’une espèce qui tient un tranchoir.

timon.

Bien ; où veux-tu en venir ?

le vieillard.

— J’ai pour toute famille une fille unique — à qui je puis transmettre tout ce que j’ai. — L’enfant est jolie, jeune autant que peut l’être une fiancée, — et je lui ai donné à grands frais — la meilleure éducation. Cet homme qui t’appartient — ose prétendre à son amour : veuille donc, noble seigneur, — te joindre à moi pour lui défendre de la visiter ; — moi, j’ai parlé en vain.

timon.

C’est un honnête homme.

le vieillard.

— Qu’il le soit tant qu’il voudra, Timon. — Il trouve dans son honnêteté même une récompense suffisante, — sans que ma fille en soit l’appoint.

timon.

L’aime-t-elle ?

le vieillard.

Elle est jeune et tendre. — L’expérience de nos propres passions nous apprend — de quelle légèreté est la jeunesse.

timon, à Lucilius.

Aimez-vous la jeune fille ?