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RICHARD II.

rez, au nom de l’honneur et du ciel, — de ne jamais vous rapprocher dans l’exil par une mutuelle sympathie, — de ne jamais vous retrouver face à face, — de ne jamais vous écrire, ni vous saluer, de ne jamais apaiser — la sombre tempête de votre haine domestique, — de ne jamais vous réunir de propos délibéré — pour tramer aucune intrigue, aucun complot coupable — contre nous, notre gouvernement, nos sujets, notre pays.

bolingbroke.

Je le jure.

norfolk.

— Je jure aussi d’observer toutes ces conditions.

bolingbroke.

— Norfolk, encore un mot, mais un mot d’ennemi ! — Eu ce moment, si le roi nous avait laissés faire, — une de nos âmes serait errante dans les airs, — bannie du frêle sépulcre de notre chair, — comme notre chair est maintenant bannie de cette terre. — Confesse tes trahisons, avant de fuir ce royaume. — Puisque tu as si loin à aller, n’emporte pas — l’accablant fardeau d’une conscience coupable.

norfolk.

— Non, Bolingbroke. Si jamais je fus un traître, — que mon nom soit rayé du livre de vie, — et moi, banni du ciel, comme d’ici ! — Mais ce que tu es, le ciel, toi et moi, nous le savons ; — et le roi en fera trop tôt, je le crains, la déplorable épreuve… — Adieu, mon suzerain… Désormais je ne puis plus m’égarer. — Hormis la route d’Angleterre, tout chemin est le mien.

richard, à Jean de Gand.

— Oncle, dans la glace de tes yeux — je vois l’affliction de ton cœur ; ton triste aspect — a du nombre de ses années d’exil — retranché quatre années.