Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
186
VÉNUS ET ADONIS.

le soleil. Le doux printemps de l’amour reste toujours frais ; l’hiver de la luxure arrive bien avant la fin de l’été. L’amour n’est jamais écœuré ; la luxure meurt de gloutonnerie. L’amour est tout vérité ; la luxure est pleine de mensonges perfides.

CXXXV

» Je pourrais en dire plus, mais je n’ose plus parler ; le texte est vieux, l’orateur trop novice. Je me retire donc avec tristesse. La honte est sur mon visage, le chagrin dans mon cœur. Mes oreilles, qui ont écouté votre frivole parlage, me brûlent pour avoir commis cette faute. »

CXXXVI

Sur ce, il se dégage de la douce étreinte de ces beaux bras qui l’attachaient à cette divine poitrine, et il court vers sa demeure à travers la sombre clairière, laissant l’amoureuse couchée sur le dos dans une profonde détresse. Avez-vous vu une brillante étoile filer dans le ciel ? ainsi il glisse dans la nuit loin du regard de Vénus.

CXXXVII

Elle le suit des yeux, comme quelqu’un qui de la rive contemple un ami tout juste embarqué, jusqu’à ce que les vagues farouches empêchent de le voir en soulevant leurs crêtes à la hauteur des nues. Ainsi, la nuit impitoyable et profonde enveloppe l’objet dont Vénus rassasiait sa vue.

CXXXVIII

Surprise comme quelqu’un qui par mégarde aurait laissé tomber dans le torrent un bijou précieux, étonnée