Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
LE PÈLERIN PASSIONNÉ.

Et alors elle serrait Adonis dans ses bras. « Ainsi, dit-elle, le dieu de la guerre me délaçait. » Et elle espérait que l’enfant aurait les mêmes tendres caresses.

« Ainsi, dit-elle, il me baisait aux lèvres. » Et de ses lèvres elle répétait le baiser sur les lèvres d’Adonis ; et, comme elle reprenait haleine, lui se dérobe, sans se rendre à ses insinuations ni à son désir.

Ah ! que n’ai-je ma dame ainsi à ma merci, pour m’embrasser et m’étreindre jusqu’à ce que je me sauve !

V

La vieillesse voûtée et la jeunesse ne peuvent vivre ensemble ; la jeunesse est pleine de plaisirs, la vieillesse est pleine de soucis.

La jeunesse est comme une matinée d’été, la vieillesse comme un temps d’hiver ; la jeunesse est splendide comme l’été, la vieillesse nue comme l’hiver.

La jeunesse est pleine d’entrain, la vieillesse a l’haleine courte. La jeunesse est agile, la vieillesse est boiteuse.

La jeunesse est chaude et hardie, la vieillesse est faible et glacée ; la jeunesse est fougueuse, et la vieillesse est apprivoisée.

Vieillesse, je t’abhorre ; jeunesse, je t’adore. Oh ! l’être que j’aime, l’être que j’aime est jeune : vieillesse, je te défie.

Ô doux berger, sauve-toi vite, car je crois que tu t’attardes trop longtemps.

VI

Rose embaumée, charmante fleur, cueillie avant l’heure, trop vite flétrie ! cueillie en bouton et flétrie au printemps ! Brillante perle d’Orient, hélas ! préma-