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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 15.djvu/77

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SONNETS.

XLII

Mes yeux et mon cœur ont conclu une ligue et se rendent maintenant de mutuels services : quand mes yeux ont faim d’un regard, ou que mon cœur épris étouffe sous les soupirs,

Alors mes yeux se repaissent de ton image bien-aimée et invitent mon cœur à ce banquet en effigie ; une autre fois, mes yeux sont les convives de mon cœur et prennent leur part de ses pensées d’amour.

Ainsi, grâce à ma vue ou grâce à mon affection, tu ne cesses, même absent, d’être présent pour moi. Car tu ne peux aller plus loin que mes pensées, et je suis toujours avec elles, et elles sont toujours avec toi ;

Ou, si elles sommeillent, ton image, en m’apparaissant, réveille mon cœur pour la joie de mon cœur et de mes yeux.

XLIII

Lorsque, en disgrâce auprès de la fortune et des hommes, je pleure tout seul sur ma destinée proscrite ; lorsque, troublant le ciel sourd de mes cris stériles, je me regarde et maudis mon sort ;

Quand, jaloux d’un autre plus riche d’espérance, je lui envie ses traits et les amis qui l’entourent, me souhaitant le talent de celui-ci et la puissance de celui-là, satisfait le moins de ce dont je suis le plus doué ;