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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/134

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LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

diligence.

Item, elle a la parole lente.

lance.

Oh ! le butor qui met ça parmi ses défauts ! Avoir la parole lente, pour une femme, ce n’est qu’une vertu. Je t’en prie, efface-ça et mets-le en tête de ses qualités.

diligence.

Item, elle est coquette.

lance.

Efface-ça aussi : c’est un legs d’Ève à ses filles, on ne peut pas le leur retirer.

diligence.

Item, elle n’a pas de dents.

lance.

Ça ne me fait rien non plus, car j’aime la croûte.

diligence.

Item, elle est hargneuse.

lance.

Qu’importe, puisqu’elle n’a pas de dents pour mordre !

diligence.

Item, elle goûte fort la liqueur.

lance.

Si la liqueur est bonne, elle doit la goûter ; elle ne le ferait pas, que je le ferais, moi ! Il faut goûter les bonnes choses.

diligence.

Item, elle est trop libérale.

lance.

De sa parole, ça ne se peut pas, car il est écrit plus haut qu’elle l’a fort lente ; de sa bourse, ça ne sera pas, car j’en tiendrai les cordons ; d’autre chose, ça se peut, car je n’en puis mais. Allons, poursuis !