— Elle doit t’en être reconnaissante, gentil jouvenceau ! — Hélas, pauvre fille, esseulée, abandonnée ! — Je pleure moi-même en pensant à ce que tu viens de dire. — Tiens, jouvenceau, voici ma bourse ; je te la donne, — pour l’amour de ta chère maîtresse, puisque tu lui es si dévoué. — Au revoir.
— Et elle vous en remerciera, si jamais vous la connaissez. — Noble femme, vertueuse, douce et belle ! — J’espère que mon maître ne sera qu’un amoureux transi, — puisqu’elle s’intéresse tant à l’amour de ma maîtresse. — Hélas ! que l’amour a d’enfantillage ! — Voici son portrait. Voyons. Je crois — qu’avec cette coiffure-là, mon visage — serait tout aussi charmant que le sien : — et pourtant le peintre l’a un peu flattée, — si je ne me flatte moi-même d’une illusion. — Ses cheveux sont d’un châtain foncé, les miens d’un blond parfait. Si c’est à cette seule différence que tient l’amour de Protée, — je me procurerai une perruque de cette couleur-là. — Ses yeux sont glauques comme le verre, et les miens aussi. — Oui, mais son front est aussi bas que le mien est haut ! —