— Le troisième, de plomb grossier, a une devise brute comme son métal.
Qui me choisit, doit donner et hasarder tout ce qu’il a.
— Comment saurai-je si je choisis le bon ?
— L’un d’eux contient mon portrait, prince ; — si vous le prenez, moi aussi, je suis à vous !
— Qu’un Dieu dirige mon jugement ! Voyons. — Je vais relire les inscriptions. — Que dit ce coffret de plomb ?
Qui me choisit, doit donner et hasarder tout ce qu’il a.
— Tout donner… Pour quoi ? Pour du plomb ! tout hasarder pour du plomb ! — Ce coffret menace. Les hommes qui hasardent tout — ne le font que dans l’espoir d’avantages suffisants. — Une âme d’or ne se laisse pas éblouir par un métal de rebut ; — je ne veux donc rien donner, rien hasarder pour du plomb. — Que dit l’argent avec sa couleur virginale ?
Qui me chérit, obtiendra ce qu’il mérite.
— Ce qu’il mérite ?… Arrête un peu, Maroc, — et pèse ta valeur d’une main impartiale ; — si tu es estimé d’après ta propre appréciation, — tu es assez méritant, mais être assez méritant — cela suffit-il pour prétendre à cette beauté ? — Et pourtant douter de mon mérite, — ce serait, de ma part, un désistement pusillanime. — Ce que je mérite ? Mais c’est elle ! — Je la mérite par ma naissance, par ma fortune, — par mes grâces, par les qualités de l’éducation — et surtout par mon amour !… — Voyons ; si, sans m’aventurer plus loin, je fixais ici mon choix ?… — Lisons encore une fois la sentence gravée dans l’or :
Qui me choisit, gagnera ce que beaucoup d’hommes désirent.