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SCÈNE XIV.

finira comme le cygne, — qui s’évanouit en musique ; et, pour que la comparaison — soit plus juste, mes yeux seront le ruisseau — qu’il aura pour humide lit de mort. Il peut gagner : — alors, que sera la musique ? Eh bien, la musique sera — la fanfare qui retentit quand des sujets loyaux saluent — un roi nouvellement couronné : ce sera — le doux son de l’aubade — qui se glisse dans l’oreille du fiancé rêvant — et l’appelle au mariage… Voyez ! il s’avance — avec non moins de majesté, mais avec bien plus d’amour, — que le jeune Alcide, alors qu’il racheta — le virginal tribut payé par Troie gémissante — au monstre de la mer. Moi, je me tiens prête pour le sacrifice ; — ces femmes, à l’écart, ce sont des Dardaniennes — qui, le visage effaré, viennent voir — l’issue de l’entreprise… Va, Hercule ! — Vis et je vivrai… J’ai bien plus d’anxiété, — moi qui assiste au combat que toi qui l’engages.

La musique commence. Tandis que Bassanio considère les coffrets, on chante la chanson suivante !

Dis-moi où siége l’amour :
Dans le cœur ou dans la tête ?
Comment naît-il et se nourrit-il ?
Réponds, réponds.

Il est engendré dans les yeux,
Se nourrit de regards, et meurt
Dans le berceau où il repose.
Sonnons tous le glas de l’amour.
J’entonne. Ding, dong, vole !

tous.

Ding, dong, vole !

bassanio.

— Donc les plus brillants dehors peuvent être les moins sincères. — Le monde est sans cesse déçu par l’ornement. — En justice, quelle est la cause malade et impure — dont