Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Hugo, Pagnerre, 1872, tome 8.djvu/78

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LES DEUX GENTILSHOMMES DE VÉRONE.

— Il faut que j’envoie un courrier plus convenable ; — je craindrais que ma Julia ne dédaignât mes vers, — les recevant d’un aussi indigne messager.

Ils sortent.

SCÈNE II.
[Vérone. Un jardin chez Julia.]
Entrent Julia et Lucette.
julia.

— Dis donc, Lucette, maintenant que nous sommes seules, — me conseillerais-tu de tomber amoureuse ?

lucette.

— Oui, madame, pourvu que vous ne trébuchiez pas étourdiment.

julia.

— De tout le beau monde des gentilshommes — qui chaque jour m’abordent en causant, — lequel est, dans ton opinion, l’amoureux le plus accompli ?

lucette.

— Veuillez me répéter leurs noms, et je vous révélerai ma pensée, — selon mon simple bon sens.

julia.

— Que penses-tu du beau sire Églamour ?

lucette.

— C’est un chevalier beau parleur, élégant et raffiné, — mais, si j’étais de vous, il ne serait jamais mon homme.

julia.

— Que penses-tu du riche Mercutio ?

lucette.

— De sa fortune, beaucoup de bien ; mais de lui-même, peuh !