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SCÈNE XXVI.

SCÈNE XXVI.
[Le camp breton, près de Douvres.]
Entre, tambour battant, couleurs déployées, Edmond, triomphant ; derrière lui viennent Lear et Cordélia, prisonniers, puis des officiers et des soldats.
edmond.

— Que quelques officiers les emmènent, et qu’on les tienne sous bonne garde — jusqu’à ce que soit connue la volonté suprême — de ceux qui doivent les juger.

cordélia, à Lear.

Nous ne sommes pas les premiers — qui, avec la meilleure intention, aient encouru malheur. — C’est pour toi, roi opprimé, que je m’afflige ; — seule, j’affronterais aisément les affronts de la fortune perfide. — Est-ce que nous ne verrons pas ces filles et ces sœurs ?

lear.

— Non, non, non, non. Viens, allons en prison : — tous deux ensemble nous chanterons comme des oiseaux en cage. — Quand tu me demanderas ma bénédiction, je me mettrai à genoux — et je te demanderai pardon. Ainsi nous passerons la vie — à prier, et à chanter, et à conter de vieux contes, et à rire — aux papillons dorés, et à entendre de pauvres hères — causer des nouvelles de la cour ; et causant avec eux nous-mêmes, nous dirons — qui perd et qui gagne, qui monte et qui tombe, et nous expliquerons les mystères des choses, — comme si nous étions les confidents des dieux. Et nous épuiserons, — dans les murs d’une prison, les séries et les groupes des grands — qu’apportent et remportent les changements de lune.

edmond.

Qu’on les emmène.