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LE ROI LEAR.

lear.

— Sur de tels sacrifices, ma Cordélia, — les dieux eux-mêmes jettent l’encens. T’ai-je donc retrouvée ? — Celui qui nous séparera devra apporter un brandon du ciel — et nous chasser par le feu, comme des renards de leur terrier, Essuie tes yeux. — La lèpre les dévorera jusqu’aux os, — avant qu’ils nous fassent pleurer ! Oui, nous les verrons plutôt mourir de faim. — Viens.

Lear et Cordélia sortent, escortés par des gardes.
edmond, à un officier.

Ici, capitaine !… Écoute ! — prends ce billet.

Il lui remet un billet.

Va les rejoindre à la prison… Je t’ai avancé d’un grade ; si tu fais — ce qui t’est commandé ici, tu t’ouvres le chemin — d’une noble destinée. Sache bien ceci : les hommes sont — ce qu’est leur temps ; un cœur tendre — ne sied pas à une épée. Ce grave mandat — ne comporte pas de discussion : ou dis que tu vas l’exécuter, — ou cherche fortune par d’autres moyens.

l’officier.

Je vais l’exécuter.

edmond.

— À l’œuvre ; et estime-toi heureux, quand tu auras agi. — Écoute bien. Je dis : tout de suite ! et expédie la chose — comme je l’ai ordonnée.

l’officier.

— Je ne saurais traîner une charrette ni manger de l’avoine sèche ; — mais si c’est la besogne d’un homme, je la ferai.

Il sort.


Fanfares. Entrent Albany, Goneril, Régane, suivis de plusieurs officiers et d’une escorte.
albany, à Edmond.

— Monsieur, vous avez aujourd’hui montré votre vail-