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HENRY VIII.

être ma vie. — Que désirez-vous de moi, révérends lords ?

wolsey.

— Veuillez, noble dame, passer — dans votre appartement particulier, nous vous expliquerons — pleinement l’objet de notre visite.

la reine catherine.

Dites-le ici. — En conscience, je n’ai rien fait encore — qui réclame les coins. Plût à Dieu que toutes les autres femmes — pussent en dire autant avec la même liberté d’esprit ! — Milords, je ne crains pas (j’ai ce rare bonheur) que mes actions — soient discutées par toutes les langues, vues de tous les yeux, — livrées même aux attaques de l’envie et de la calomnie, — tant je suis certaine que ma vie est droite. Si votre but — est de m’examiner dans ma conduite d’épouse, — faites-le hardiment. La loyauté aime les francs procédés.

wolsey.

Tanta est erga te mentis integritus, regina serenissima.

la reine catherine.

— Ah ! mon bon lord, pas de latin. — Depuis ma venue, je n’ai pas été fainéante — au point de ne pas savoir la langue du pays où j’ai vécu. — Un idiome étrange rend ma cause plus étrange et la fait suspecte. — Je vous en prie, parlez en anglais ; il y a ici des personnes qui vous remercieront — pour leur pauvre maîtresse, si vous dites la vérité. — Croyez-moi, elle a été bien durement traitée. Lord cardinal, — le péché le plus prémédité que j’aie jamais commis — peut être absous en anglais.

wolsey.

Noble dame, — je regrette que mon intégrité, — et mon dévouement pour Sa Majesté et vous, — fassent naître de si violents soupçons, quand je suis de si bonne foi. — Nous ne venons pas, par voie d’accusation, — souiller un honneur que bénissent les bouches les meilleures, — ni vous