complet de Shakespeare, l’œuvre définitivement retouchée par le maître, la comédie à jamais achevée qui, aujourd’hui, égaie le monde entier.
Maintenant, franchissons un intervalle de quatre-vingts ans. — En 1702, un dramaturge en vogue, un certain John Dennis, ayant altéré pour la scène de Drury-Lane la comédie de Shakespeare, publie son rifacimento sous ce titre : le Galant comique, avec une préface au lecteur contenant ces lignes : « Que cette comédie (les Joyeuses Épouses de Windsor) n’était point à mépriser, je le conjecturais pour plusieurs raisons. D’abord, je savais fort bien (I knew very well) qu’elle avait plu à une des plus grandes reines qui aient jamais existé, grande non-seulement par sa sagesse dans l’art du gouvernement, mais par sa connaissance des belles lettres et par son goût délicat pour le drame, goût qui nous est démontré par l’admiration qu’elle avait des anciens. Cette comédie fut écrite par son commandement et par ses directions ; et elle était si impatiente de la voir jouée, qu’elle commanda que la pièce fût achevée en quinze jours ; et elle fut ensuite, comme nous le dit la tradition, fort satisfaite de la représentation… »
Ainsi, d’après la tradition rapportée pour la première fois par John Dennis, la comédie les Joyeuses Épouses de Windsor aurait été composée par le commandement exprès de la reine Élisabeth, écrite selon ses directions, et achevée en deux semaines. — En 1709, le chroniqueur Rowe, faisant la biographie de Shakespeare, ajoute au rapport de Dennis les détails nouveaux que voici : « La reine fut si charmée de l’admirable rôle de Falstaff dans les deux parties de Henry IV, qu’elle commanda au poëte de le continuer dans une pièce nouvelle en montrant le personnage amoureux : ce fut à cette occasion, dit-on, que cette comédie fut écrite. » Enfin,