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SCÈNE I.

slender.

Ah ! si c’est comme ça, je suis prêt à l’épouser à toutes les conditions raisonnables.

evans.

Mais pouvez-vous affectionner la d’moiselle ? Nous voulons le savoir de votre pouche ou de vos lèvres ; car divers philosophes soutiennent que les lèvres, c’est une partie de la pouche… Donc, pour préciser, pouvez-vous reporter votre inclination sur la jeune fille ?

shallow.

Neveu Abraham Slender, pouvez-vous l’aimer ?

slender.

Je l’espère, monsieur ; je ferai pour ça tout ce qu’on peut faire raisonnablement.

evans.

Voyons, par le seigneur Tieu et Notre-Tame, il faut nous dire positivement si vous pouvez reporter vos sympathies sur elle.

shallow.

Çà, il le faut. L’épouseriez-vous avec une bonne dot ?

slender.

Je ferais bien davantage, oncle, à votre raisonnable requête.

shallow.

Mais comprenez-moi, comprenez-moi, cher neveu ; ce que je veux, c’est vous complaire, neveu. Pouvez-vous aimer la jeune fille ?

slender.

Je suis prêt à l’épouser, monsieur, à votre requête. Mais, si l’amour n’est pas grand au commencement, le ciel pourra le faire décroître après une ample accointance, quand nous serons mariés et que nous aurons eu occasion de nous mieux connaître. J’espère qu’avec la familiarité grandira l’antipathie. Mais, si vous me dites :