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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/170

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marchent à peu près d’accord jusqu’à l’arrivée des comédiens, bien qu’il manque à la première nombre de traits remarquables ; mais à partir de ce moment, elles s’écartent singulièrement l’une de l’autre. La conversation entre Hamlet et Guildenstern et Rosencrantz, si importante par les clefs qu’elle donne pour pénétrer les subtilités d’intelligence et les finesses de caractère du prince de Danemark, est singulièrement écourtée. Il en est de même de.la répétition des comédiens, de la représentation devant le roi, de la grande scène qui suit entre Hamlet et sa mère. La conversation sur la grande route entre Hamlet et le capitaine de l’armée de Fortinbras, manque entièrement. Les deux scènes de la folie d’Ophéia sont résumées en une seule, et la description si touchante de la mort de la jeune fille est concentrée en quelques vers où manquent plusieurs des détails poétiques si heureusement choisis par Shakespeare. Au cinquième acte, la longue conversation entre Hamiet et Osric est réduite à quelques lignes sèches où l’on ne retrouve aucune trace de ces aperçus judicieux sur les flatteurs, les mœurs des gens de cour, la mode, qui remplissent cette scène d’une invention poétique si admirablement d’accord avec le sens de la pièce et le caractère d’Hamlet. Il n’est certes aucun lecteur sensible qui n’ait été frappé du contraste singulier de cette longue conversation avec le dénoûment tragique qui approche à grands pas. C’est au moment même où la fatalité va frapper à coups redoublés, qu’Hamlet se complaît à d’interminables dissertations, sans soupçonner la présence de la, mort qui s’est glissée invisible avec le message d’Osric. Comme cela est bien conforme à la vie où les accidents les plus terribles nous surprennent toujours à l’improviste au milieu des occupations les plus paisibles ou dans les dispositions les plus confiantes ! comme cela surtout est bien.d’accord avec le caractère d’Hamlet qui va mourir comme il a vécu, rêveur toujours surpris par le fait brutal, et poursuivant