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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/175

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Horwendille et Feggon, fils de Gerwendille. Horwendille était un des plus renommés parmi ces fameux rois de mer, chefs de pirates maritimes, qui sous le nom de Normands ont accompli tant d’héroïques rapines en tous pays européens. Sa renommée offusqua un certain roi de Norwége nommé Kohler, lequel provoqua au combat le gouverneur du Jutland. Il fut convenu entre eux que celui qui serait vainqueur resterait maître de toutes les richesses contenues dans les vaisseaux de son ennemi, qu’il serait d’ailleurs tenu de faire honorablement inhumer au lieu de le laisser aux loups et aux vautours. C’est l’origine du fameux combat dont il est question au premier acte d’Hamlet, à cette différence près que le pacte de Shakespeare est une sorte départe germanique féodal de guerrier barbare de terre ferme, tandis que le pacte que nous venons de mentionner est un pacte de barbare Scandinave écumeur de mer. Horwendille fut vainqueur, tua le roi, le fit enterrer et en hérita, mit à mort une de ses sœurs qui était fort guerrière, sorte de Brunhild ou de Gudruna, ravagea toutes les côtes de Norwége jusqu’aux îles septentrionales, et renvoya son butin en présent au roi Rurik. Ce dernier, charmé déposséder un guerrier dont les exploits lui rapportaient de tels bénéfices, lui donna en mariage sa fille Gérutha, et c’est de ce mariage que naquit le prince Hamlet.

Cette fortune excita l’envie de Feggon, frère d’Horwendille, qui partageait avec lui le gouvernement du Jutland. Craignant d’être dépossédé de sa part de gouvernement, il jugea qu’il était plus simple de le prendre tout entier en mettant son frère à mort. Ce n’était pas d’ailleurs son gouvernement seul qu’il convoitait, c’était aussi sa femme Gérutha dont il avait également la moitié, l’ayant séduite secrètement. Un soir, il se précipita sur son frère Horwendille au milieu d’un banquet avec une bande d’assassins, l’occit, et après avoir simplifié la situation de cette manière tranchante, faisant d’une seule