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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/297

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serait bon qu’on lui parlât ; car elle peut semer de dangereuses conjectures dans les esprits enclins à penser à mal.

LA REINE. — Introduisez-la. (Sort Horatio.) Pour mon âme malade, ainsi que cela est Ta vraie nature du péché, toute bagatelle semble un prologue de quelque grand malheur : si pleine de malhabile inquiétude est l’âme coupable, qu’elle se châtie elle-même dans la crainte d’être châtiée.

Rentre HORATIO avec OPHÉLIA.

OPHÉLIA. — Où est la belle Altesse de Danemark ?

LA REINE. — Eh bien, qu’y a-t-il, Ophélia ?

OPHÉLIA, chantant :

Comment reconnaîtrai-je des autres

Votre fidèle amant ?

À son chapeau à coquilles, à son bâton.

Et à ses sandales [3].

LA REINE, — Hélas, douce Dame ! que signifie cette chanson ?

OPHÉLIA. — Voilà ce que vous dites ? Eh bien, écoutez, je vous prie ! (Elle chante.)

Il est mort et parti, Madame,

Il est mort et parti ;

A sa tête une touffe de gazon,

A ses pieds une pierre.

LA REINE. — Oui, mais Ophélia....

OPHÉLIA. — Je vous en prie, faites bien attention ! (Elle chante.)

Son linceul blanc comme la neige de la montagne...

Entre LE ROI.

LA REINE. — Hélas ! voyez, Monseigneur.

OPHÉLIA, chantant :

Était tout piqué de douces fleurs