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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/302

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nature est généreuse quand elle aime, et dans sa générosité, elle envoie à ce qu’elle aime quelque précieux souvenir d’elle-même, tiré de sa propre substance.

OPHÉLIA, chantant :

Ils le portèrent à découvert sur sa bière ;
Hey nonny, nonny, nonny, hey nonny ;
Et sur sa tombe coulèrent bien des larmes....

Portez-vous bien, ma colombe !

LAERTES. — Si tu avais ta raison, et si tu me poussais à la vengeance, tu ne pourrais m’émouvoir autant que tu le fais.

OPHÉLIA, chantant :

Vous pouvez lui chanter, en bas, en bas,
Si vous l’appelez un homme d’en bas.

Comme le refrain est bien à sa place là ! C’est l’histoire de l’intendant perfide qui enleva là fille de son maître.

LAERTES. — Ces riens en disent plus que des choses sensées.

OPHÉLIA. — Voici du romarin, c’est pour le souvenir. (Elle chante.)

Je vous en prie, mon amour, souvenez-vous :

et voilà des pensées, c’est pour la réflexion.

LAERTES. — De la logique dans la folie ! les pensées et le souvenir ont été associés à leurs vrais emblèmes.

OPHÉLIA. — Voici du fenouil pour vous et des colombines : voici de la rue pour vous, et en voilà un peu pour moi : nous pourrons l’appeler les dimanches l’herbe de grâce : oh ! vous devrez porter votre rue avec un sentiment un peu différent du mien. Voici une marguerite : — j’aurais voulu vous donner quelques violettes, mais elles se sont toutes flétries lorsque mon père est mort : — on dit qu’il a fait une bonne fin. (Elle chante.)

Car le bon gentil Robin fait toute ma joie.