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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/328

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HAMLET. — Dans ce sens-là, Monsieur, et avec tous les enjolivements de langage qu’il plaira à votre génie.

OSRIC. — Je recommande mes services à Votre Seigneurie.

HAMLET. — Votre serviteur, votre serviteur. (Sort Osric.) Il fait fort bien de se recommander, lui-même : il n’y a pas de langue capable de lui rendre ce service.

HORATIO. — Cet étourneau s’enfuit avec la coquille sur la tête.

HAMLET. — Certes celui-là faisait des révérences à son tetin avant de le sucer. C’est ainsi que cet individu, — et combien j’en connais d’autres du même essaim dont raffole cette piètre époque, — s’est borné à attraper seulement le ton du jour et l’extérieur du savoir vivre ; ils ont une sorte de raclure de levain qui leur permet de monter au-dessus de la fine fleur de farine des opinions les plus tamisées ; mais soufflez un peu dessus pour les mettre à l’épreuve, et les bulles vont crever.

Entre UN SEIGNEUR.

LE SEIGNEUR. — Monseigneur, Sa Majesté s’est fait recommander à vous par le jeune Osric qui lui rapporte que vous l’attendez dans la salle : il’ envoie savoir si votre plaisir est de faire assaut maintenant avec Laertes, ou si vous voulez remettre la partie à plus tard.

HAMLET. — Je suis fidèle à mes décisions ; elles suivent le bon plaisir du roi : s’il est disposé, je le suis ; maintenant, ou quand il voudra, pourvu que je sois aussi bien en train que maintenant.

LE SEIGNEUR. — Le roi, la reine, et tous vont descendre.

HAMLET. — Fort bien.

LE SEIGNEUR. — La reine désire que vous ayez quelques mots aimables pour Laertes avant d’engager la lutte.

HAMLET. — Elle me donne un excellent avis. (Sort le Seigneur.)

HORATIO. — Vous perdrez ce pari, Monseigneur.

HAMLET. — Je ne crois pas ; depuis son départ pour la