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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/337

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Mazdeisme persan. Ainsi la croyance aux esprits nocturnes de nos paysans et de nos bonnes femmes est un dernier reflet de toutes les grandes religions du passé. Voilà, j’espère, une preuve éclatante que la tradition n’est jamais interrompue un instant dans le monde, même quand elle est détruite en apparence. — Un autre commentateur anglais, Douce, a mentionné une hymne faisant autrefois partie de la liturgie du diocèse de Salisbury où se trouve un passage qui se rapporte à la même superstition. Voici ce passage :

Praeco diei jam sonat,
Noctis profundee pervigil ;
Nocturna lux viantibus
À Docte noctem segregans.
Hoc excitatus Lucifer,
Solvit polam caligine,
Hoc omnis errorum chorus
Viam nocendi descrit.
Gallo canente spes redit....

« Héraut toujours éveillé, déjà le coq, sentinelle de la nuit profonde, chante au jour encore à venir ; lumière nocturne, il sépare pour les voyageurs la nuit de la nuit. Averti par ce chant, Lucifer délivre le pôle de sa fumée tenébreuse ; et le chœur entier des illusions trompeuses quitte les sentiers du mal. Avec le chant du coq revient l’espérance. » Cette croyance que les fantômes s’évanouissaient au chant du coq était du reste très-ancienne. Dans la Vie d’Apollonius de Thyane, Philostrate raconte que le célèbre hiérophante évoqua l’ombre d’Achille, mais qu’elle s’évanouit dès que le coq chanta. (Note de l’édition STAUNTON.) — Enfin un vieil érudit, Bourne, cité par Farmer, rapporte, dans son livre intitulé Antiquités du commun peuple, l’observation suivante : « C’est une tradition reçue parmi le vulgaire qu’à l’heure où le coq chante, les esprits nocturnes abandonnent les régions sublunaires et retournent à leurs vraies demeures. De là vient que dans les localités rustiques, où les nécessités de la vie réclament un travail plus matinal, les journaliers se rendent joyeusement a l’ouvrage dès que cette heure-là est venue, tandis que s’ils sont obligés de s’y rendre plus tôt, ils s’imaginent que tout ce qu’ils voient est un fantôme errant. »

4. A little more than d’un and less than kind, il y a dans ces paroles d’Hamlet une sorte de calembour par à peu près qui porte sur la demi-ressemblance des mots kin parent, et kind tendre.

5. Ces paroles contiennent un sens triple. Et d’abord Hamlet joue sur la ressemblance par à peu près des mots sun, soleil, et son, fils ; ensuite il fait allusion à cette vieille expression proverbiale, « sortir de l’ombre bénie de Dieu pour aller sous le soleil étouffant ; » enfin il veut faire entendre qu’il n’est que trop en vue pour le moment, et peut-être aussi qu’il ne serait pas convenable qu’il parût aux fêtes d’une cour si vite consolée.