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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/347

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Je vois chevaucher devant moi
Le messager de la mort.
La toux, le rhume, l’haleine courte,
Me disent qu’il faut me préparer,


Une bêche, une pioche
Et un linceul pour m’envelopper ;
Et qu’il faut faire construire une demeure d’argile.
Bonne pour un hôte comme moi.


Il me semble que j’entends le bedeau
Qui sonne le glas funèbre,
Et qui m’invite à laisser là mes tristes œuvres,
Avant que la nature ne m’y force.


Mes serviteurs préparent le linceul
Que la jeunesse méprise en riant,
Pour moi, qui serai bientôt oublié,
Comme si je n’ avais Jamais été.


Je dois donc renoncer à la jeunesse
Dont j’ai si longtemps porté les couleurs ;
Je dois céder la coupe folâtre
À ceux qui peuvent la porter mieux que moi


Las : voici le crâne chauve
Dont la nudité m’apprend
Que l’âge en se courbant arrachera
Ce qu’avait semé la jeunesse.


Car la beauté avec sa troupe
A opéré ces moroses soucis,
Et m’a embarqué pour ce pays
D’où je suis venu à l’origine.


Et vous qui restez après moi,
N’ayez pas d’autre croyance ;
Comme vous êtes par naissance faits d’argile.
Ainsi vous retournerez en poussière.


4. Ces chaînes s’appelaient bilboes, de la ville espagnole Bilboa, célèbre par sa fabrication d’objets en fer. Les bilboes étaient de longues barres de fer avec des chaînes annexées qui unissaient ensemble les matelots punis, comme une brochette humaine, si bien que l’un ne pouvait remuer sans obliger son compagnon, ou ses compagnons, à faire Je même mouvement que lui. Parmi les objets saisis sur les vaisseaux espagnols après