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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/435

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OTHELLO. — Que répondez-vous ?

DESDÉMONA. — Il, n’est pas perdu ; mais si par hasard il l’était ?

OTHELLO. — Comment !

DESDÉMONA. — Je dis qu’il n’est pas perdu.

OTHELLO. — Allez me le chercher, laissez-le-moi voir.

DESDÉMONA. — Eh bien, c’est ce que je ferai, Seigneur, mais non pas maintenant. C’est une ruse pour esquiver ma requête : je vous en prie, que Cassio soit rappelé.

OTHELLO. — Allez me chercher le mouchoir : mon esprit s’égare.

DESDÉMONA. — Voyons, voyons, vous ne ; trouverez jamais un homme plus capable.

OTHELLO. — Le mouchoir !

DESDÉMONA. — Je vous en prie, parlez-moi de Cassio.

OTHELEO. — Le mouchoir !

DESDÉMONA. — Un homme qui toute sa vie a fondé sa fortune sur votre amitié, qui a partagé vos dangers....

OTHELLO. — Le mouchoir !

DESDÉMONA. — En vérité, vous êtes, à blâmer.

OTHELLO. — Arrière ! (Il sort.)

EMTERA. — Cet homme n’est-il pas jaloux ?

DESDÉMONA. — Je n’avais encore rien vu de semblable. À coup sûr, il y a quelque-chose d’extraordinaire dans ce mouchoir ; je suis très-malheureuse : de l’avoir perdu..

ÉMILIA. — Ce n’est qu’au bout d’un an ou deux qu’un homme se montre ce qu’il est : ils sont tous de simples estomacs, et nous sommes toutes : de simple, nourriture ; ils nous mangent gloutonnement, et : lorsqu’ils sont gorgés, ils nous vomissent. Voyez, voici Cassio et mon mari

Entrent CASSIO et IAGO.

LAGO. — Il n’y a pas d’autre moyen ; c’est elle qui doit faire cela : ô bonheur ! la voici : allez à elle ; et importunez-la.

DESDÉMONA. — Eh bien, mon bon Cassio, quelles nouvelles avez-vous à me donner vous concerna ?

CASSIO. — Madame, j’en suis toujours à ma première