Aller au contenu

Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

lératesse : aviez-vous, vous et lui, comploté la mort de Cassio ?

OTHELLO. — Oui.

CASSIO. — Cher général, je ne vous en avais jamais donné sujet.

OTHELLO. — Je le crois, et je vous demande pardon. Voulez-vous, je vous en prie, demander à ce demi-diable, pourquoi il a ensorcelé ainsi mon âme et mon corps ?

IAGO. — Ne me demandez rien : vous savez ce que vous savez : à partir de ce moment je ne prononcerai pire, un mot.

LODOVICO. — Comment ! pas même pour prier ?

GRATIANO. — Les tourments ouvriront vos lèvres.

OTHELLO. — Bon, tu fais fort bien.

LODOVICO. — Seigneur, vous devez apprendre ce qui s’est passé, et ce que vous ignorez encore, je crois. Voici une lettre trouvée dans la poche de Roderigo qui a été tué, et en voici une autre : l’une d’elles révèle que la mort de Cassio devait être exécutée par Roderigo,

OTHELLO. — Ô scélérat !

CASSIO. — Oh ! l’acte abominable et digne d’un païen !

LODOVICO. — Maintenant voici une autre lettre pleine de reproches, également trouvée dans sa poche : Roderigo paraît avoir eu l’intention de l’envoyer à ce damné scélérat ; mais Iago dans l’intervalle vint, semble-t-il, et réussit à l’apaiser.

OTHELLO. — Ô pernicieux, misérable ! Comment ce mouchoir qui appartenait à ma femme, se trouvait-il entre vos mains, Cassio ?

CASSIO. — Je l’avais trouvé dans ma chambre, et il a confessé lui-même, il n’y a qu’un instant, qu’il l’y avait déposé pour un projet spécial qui répondait à son désir.

OTHELLO. — Ô fou ! fou ! fou !

CASSIO. — On voit, en outre, dans la lettre de Roderigo par les reproches qu’il lui adresse, que c’était Iago qui l’avait poussé à m’insulter à la garde ; de là s’ensuivit ma disgrâce : et il n’y a qu’un instant, après avoir