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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/484

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qualification de Florentin donnée à Cassio par Iago, pouvait fort bien ne pas désigner sa nationalité.

2. Ce juron de Cassio, ô grand Jupiter, a paru à Malone, qui était pourtant érudit, une absurdité dont Shakespeare ne devait pas être tenu pour responsable. Cela prouve seulement que Malone n’était pas versé dans la connaissance de l’Italie. Non-seulement les Italiens jurent encore aujourd’hui par les anciens Dieux, ruais le nom de Dieu, et même celui de Notre-Seigneur Jésus-Christ, est Giove, Jupiter, dans la langue poétique. Malone n’avait donc jamais ouvert Pulci, parexemple : ce vers du Morgante maggiore n’aurait pas manqué de le frapper :

O Summo Giove per roi crocifisso.

O tout-puissant Jupiter pour nous crucifié.

S. Le drap de frise était un drap à. très-longs poils, en sorte que lorsqu’il était collé sur une surface gluante3 on ne pouvait l’enlever qu’en laissant les poils en proie à la glu.

4. Un vieil auteur anglais, Puttenham. Art de la poésie anglaise, s’exprime en termes presque identiques à ceux d’Iago : ce Nous limitons à quatre points les agréments d’une femme : nous voulons qu’elle soit habile dans sa cuisine, sainte à l’église, ange à table, singe au lit. »

5. Les commentateurs qui souvent remarquent trop de choses, ont fait observer que cette expression, ô ma belle guerrière, était devenue à la mode dans la poésie lyrique anglaise de l’époque par suite de l’imitation des sonnets français ; Ronsard l’emploie fréquemment, etc. N’en déplaise aux commentateurs, le souvenir de Ronsard et de ses émules n’a

que faire ici. Quand Ronsard appelle sa maîtresse, sa guerrière, il fait simplement allusion aux combats amoureux : ici le salut d’Othello a une tout autre signification, et il appelle Desdémona sa belle guerrière, parce qu’elle a vaillamment voulu le suivre à l’année, tandis qu’elle pouvait pacifiquement rester à Venise.

6. Nous avons dit dans une note aux Joyeuses commères de Windsor que les Anglais avaient alors la réputation des plus solides buveurs de l’Europe, et que les gens sages de la nation en gémissaient, prétendant (fait très-curieux) que cette déplorable habitude avait été introduite parmi les Anglais par leur long séjour dans les Pays-Bas.

7. Ce couplet fait partie d’une vieille ballade qui se trouve dans les Reliques de Percy. La ballade est fort longue, mais elle est amusante et curieuse ; la voici. C’est un dialogue rustique entre un paysan et sa trop économe ménagère.

PRENDS TON VIEUX MARTEAU SUR TOI.

Ce temps d’hiver est devenu bien froid, Le givre blanchit toutes les collines, Et Borée souffle si rudement ses tempêtes, Que tout notre bétail risque d’être détruit. Bell, ma femme, qui n’aime pas les querelles,