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Page:Shakespeare - Œuvres complètes, traduction Montégut, Hachette, 1872, tome 9.djvu/485

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Me dît tout tranquillement :

Lève-toi, et va sauver la vache Crumbocke,

Mon homme, mets ton vieux manteau sur, toi

Lui.

O Bell, pourquoi te moquer et railler,

Tu sais que mon manteau est fort mince ;

Il est si usé et si râpé,

Qu’un insecte ne trouve pas à s’y loger ;

Je ne veux plus ni emprunter ni prêter,

Mais je veux avoir un nouveau costume,

Demain j’irai à la ville, et j’y dépenserai ;

Car je veux avoir un nouveau manteau sur moi.

ELLE.

La vache Crumbocke est une bonne vache,

Elle a toujours rendu quantité de lait,

Elle nous a fourni beurre et fromage, j’en réponds.

Et ne nous laissera pas manquer d’autre chose.

Je serais bien fâchée qu’elle prît mal,

Bon mari, veuille m’en croire,

Ce n’est pas à nous à aller si beaux.

Homme, mets ton vieux manteau sur toi.

Lui.

Mon manteau fut un beau manteau,

Il a fait fidèle service à son propriétaire ;

Mais maintenant il ne vaut pas un sou,

Voilà quarante-quatre ans que je le porte.

Il fut autrefois d’un drap d’un beau grain.

Mais aujourd’hui, c’est un tamis comme vous pouvez voir

Il laisse passer et vent et pluie ;

Je veux avoir un manteau neuf sur moi

ELLE.

Il y a quarante-quatre ans,

Que nous nous sommes connus tous deux

Et nous avons eu entre nous deux,

Quelques neuf ou dix enfants.

Nous les avons menés à l’âge d’homme et de femme ;

J’espère qu’ils vivent dans la crainte de Dieu,

Et pourquoi donc ne veux-tu plus te connaître ?

Homme, mets ton vieux manteau sur toi.

Lui.

O Bell, ma femme, pourquoi te moques-tu ? Maintenant est maintenant, alors était alors ; Cherche aujourd’hui à travers le monde entier.