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ROMÉO ET JULIETTE

LE FRÈRE LAURENT. — Parce que tu en raffolais, non parce que tu l’aimais, mon jeune pénitent.

ROMÉO. — Et tu m’as ordonné d’ensevelir mon amour.

LE FRÈRE LAURENT. — Mais non pas dans Une fosse, ou en enterrant un amour, tu en déterrasses un autre.

ROMÉO. — Je t’en prie, ne me gronde pas. celle que j’aime maintenant me rend grâce pour grâce, et amour pour amour ; ce n’était pas ce que faisait l’autre.

LE FRÈRE LAURENT. — Oh ! elle savait bien que ton amour récitait sa leçon de mémoire et ne savait pas épeler ses lettres. Mais allons, jeune inconstant, allons, viens avec moi, j’ai une raison de l’assister ; car ce mariage peut tourner assez heureusement pour changer en pur amour la rancune de vos deux maisons.

ROMÉO. — Oh ! partons d’ici, il m’importe beaucoup de me dépêcher :

LE FRÈRE LAURENT. — Prudemment et lentement ; ils trébuchent, ceux qui courent trop vite. (Ils sortent.)


SCÈNE IV

Une rue.
Entrent BENVOLIO et MERCUTIO.

MERCUTIO. — OÙ diable ce Roméo peut-il être ? est-ce qu’il n’est pas retourné chez lut cette nuit ?

BENVOLIO. — Il n’est pas revenu, chez son père ; j’ai parlé à son valet.

MERCUTIO. — Ah ! cette pâle fille au cœur de pierre, cette Rosaline le tourmente tellement qu’à coup sûr il deviendra fou.

BENVOLIO. — Tebaldo, le parent du vieux Capulet, a dépêché une lettre à la maison de son père.

MERCUTIO. — Un cartel, sur ma vie !

BENVOLIO. — Roméo y répondra.