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Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/114

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Orné de haut en bas de trous et de lézardes,
À travers quoi Pyrame et Thisbé se regardent
Et se parlent souvent, et très intimement !
Cette chaux, ce crépi, vous montrent si je mens !
Je suis donc bien un mur ; et, chacun d’un côté,
Nos timides amants vont venir chuchoter.

THÉSÉE

Croirait-on que le plâtre et la bourre pétris
Parlassent avec un tel goût ?

DÉMÉTRIUS
Jamais une cloison n’a montré tant d’esprit !
THÉSÉE
Pyrame approche ! Taisons-nous !…
Entre PYRAME.
PYRAME

Ô nuit ! Ô nuit affreuse et noire comme un four !
Nuit qui toujours est là quand il ne fait pas jour !
Hélas ! Hélas ! Hélas ! Ô nuit ! Ô nuit ! Ô nuit !
Si Thisbé ne vient pas j’aurai bien des ennuis !
Et toi, mur ! Ô beau mur ! Ô doux mur qui te tiens
Entre les deux terrains de son père et du mien,
Montre ta fente, afin que je voie au travers !

LE MUR écarte deux doigts.

Merci, mur ! Je te recommande à Jupiter !
Mais que vois-je ?… Je ne vois rien !… Ô méchant mur,
Maudits soient tes moellons de se montrer si durs !…

THÉSÉE
Le mur va le maudire à son tour ; ça s’indique !…