Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/70

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Il revient pour donner la réplique à sa belle,
Mais, à peine entrevu, — comme une troupe d’oies
Sauvages, qui voient s’avancer vers elles
L’oiseleur guettant sa proie,
Ou comme la brusque échappée
Des corneilles huppées
Qui s’effarent au bruit du mousquet, et s’envolent,
Balayant le ciel de leurs ailes folles, —
Ses camarades se dispersent !…
Ils fuient, je cours,
Je les renverse !
Ils crient, ils appellent Athènes
À leur secours !…
La terreur leur fait voir les choses incertaines
Comme autant d’ennemis menaçants qui s’approchent.
Les épines griffent leur peau,
Les ronces les accrochent ;
Celui-ci perd sa manche, un autre son chapeau
Enfin, abandonnant cette course homérique,
Je reviens, pour chercher mon produit merveilleux ;
Et c’est à ce moment qu’un sort diabolique
Voulût que ma maîtresse ouvrit soudain les yeux,
Et devint amoureuse, hélas, d’une bourrique !]

OBÉRON

Ami, c’est mieux que je n’eusse rêvé !…
Et toi ? Suivant mon ordre, as-tu pressé la plante
Sur cet Athénien ?… Oui, oui !… Je l’ai trouvé

PUCK

Sur cet Athénien ?… Oui, oui !… Je l’ai trouvé
Qui dormait, étendu près de l’enfant dolente
Que forcément ses yeux verront en se rouvrant