Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
OBÉRON

Chut !… Le voici qui vient !… Et la pauvre qui l’aime

PUCK

La femme est bien la même,
Mais l’homme est différent !…

Entrent DÉMÉTRIUS et HERMIA.

DÉMÉTRIUS

Ah, pourquoi ce refus, ce “non” continuel ?…
Gardez vos cruautés pour qui vous est cruel !

HERMIA

Si pour te repousser elles m’ont pu suffire
Jusqu’à présent, je crains d’avoir à te maudire
Désormais ! Qu’as-tu fait de Lysandre ? Est-il mort ?
As-tu surpris son sommeil impuissant ?
Réponds ! Et si tes pieds sont baignés dans le sang,
Achève, et plonges-y tout entier, sans remords,
En m’assassinant à mon tour !
Le soleil n’était pas aussi fidèle au jour
Que lui, fidèle à son amie !
Jamais il n’eut quitté son amante endormie !
[Non ! Je croirais plutôt qu’on peut percer la terre
Pour ouvrir à la lune une route commode
Qui lui permît d’aller aux antipodes
Voiler en plein midi les rayons de son frère !]
Ah, je n’ai pas besoin d’un aveu de ta bouche :
Un assassin déterminé
Seul a cet air sinistre et ce regard farouche !…