Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/73

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DÉMÉTRIUS
Si je dis oui, qu’y gagnerai-je ?
HERMIA

L’inestimable privilège
De ne plus jamais me revoir !
Et, cela dit, je fuis ta présence abhorrée !
Qu’il soit mort ou vivant, renonce à tout espoir !…

Elle sort.
DÉMÉTRIUS

Laissons-la radoucir son humeur égarée !…
Ne suivons plus sa route !…
J’attendrai le jour en me reposant….
Le fardeau des chagrins est encor plus pesant
Quand le sommeil fait banqueroute !…
Peut-être voudra-t-il me payer un acompte
Si je le réclame à présent…

Il s’étend à terre et s’endort.
OBÉRON, à PUCK.

Qu’as-tu fait, sot ? N’as-tu pas honte ?
Tu t’es trompé comme un balourd !
Tu verses la liqueur d’amour
Sur les yeux d’un parfait amant !
Si bien qu’il adviendra de ton aveuglement
Le parjure d’un cœur fidèle,
Alors que j’en voulais convertir un rebelle !…

PUCK

Eh quoi ! C’est le sort régulier !
Pour un amant sincère, il en faut des milliers
Qui mentent à plaisir et parjurent leur foi !…