Page:Shakespeare - Un songe de nuit d’été, trad. Spaak, 1919.djvu/83

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LYSANDRE

Attends, Démétrius, je tiendrai mon serment !…

DÉMÉTRIUS

Parfait ! Mais j’en voudrais bien voir l’engagement
Par écrit ! Car je tiens ta promesse frivole
Tant qu’un lien si faible enchaîne ta parole !

LYSANDRE

Veux-tu donc que ma main lui porte un coup fatal ?
Je la hais, mais j’hésite à lui faire du mal !

HERMIA

[Le pire de mes maux, désormais, c’est d’entendre
Que vous me haïssez ! Me haïr ! Et pourquoi ?
Suis-je plus Hermia ? N’êtes-vous plus Lysandre ?
Me trouvez-vous moins belle qu’autrefois
Quoi ! Cette nuit encor votre cœur était tendre,
Et vous m’abandonnez ! Que les Dieux m’en préservent !
Me faut-il perdre tout espoir ?

LYSANDRE

Oui, je l’affirme, sans réserve !
Et puissé-je ne plus te voir !]
Et cela dit, si tu m’écoutes,
Bannis l’espoir ! Bannis le doute !
Sois en sûre, sois en certaine :
Je te hais ! Et j’adore Hélène !…

HERMIA

Hélas !… Et c’est donc toi, voleuse, qui filoute
L’amour ! Toi, ver rongeur, qui vins impudemment
Me dérober, la nuit, le cœur de mon amant ?