Page:Shelley - Œuvres poétiques complètes, t1, 1885, trad. Rabbe.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

118 OEUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

VI

Hélas ! cet amour serait-il un fléau et un piège pour ceux qui chercheraient toutes les sympathies en une seule ? — Je la cherchai autrefois en vain ! Alors un sombre désespoir, l'ombre d’une nuit sans étoiles, se répandit sur le monde où je me mouvais seul... Pas un être qui pour moi ne fût trompeur ; partout cœurs durs et froids, semblables à des monceaux de pierre, de glace qui écrasaient et desséchaient le mien,.., mon cœur ne pouvait être qu’une motte de terre inanimée, jusqu’à ce qu’il fut ranimé par toi !

VII

Amie, dont la présence sur mon cœur flétri par l’hiver est tombée connue un resplendissant printemps sur une plaine sans herbe, que tu étais belle et calme et libre dans ta jeune sagesse, quand tu brisais et faisais voler en éclats la mortelle chaîne de la Coutume , et que tu marchais aussi libre que légère au milieu des nuages, que plus d’un esclave envieux exhalait en vain du fond de son obscure prison ; et mon Ame s’élança, pour te rencontrer, du sein des douleurs qui l’avaient si longtemps retenue captive !

VIII

Dès lors je ne voyageai plus seul à travers le désert du monde, où cependant j’ai foulé des sites d’une sublime conception ; je ne visitai plus sans compagnon les lieux où la solitude est comme le désespoir. C'est l'austère satisfaction de la sagesse, quand la Pauvreté peut flétrir de son atteinte le juste et le bon, quand l'infamie ose se moquer de l'innocent, et que des amis chéris se mettent du côté de la multitude pour le fouler aux pieds