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ŒUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

avec son universelle influence ; il n’y a rien qui ne passe sans être reconnu, sans être vu de toi. Ame de l’Univers ! Source éternelle de vie et de mort, de bonheur et de souffrance, de tout ce qui sillonne la scène fantastique qui flotte devant nos yeux dans les vagues de la lumière, et qui ne brille que dans les ténèbres de cette prison dont nous sentons, mais sans les voir, les chaînes et les massives murailles !

« Esprit de la Nature ! Pouvoir qui suffit à tout ! Nécessité, toi la mère du monde  ! tu ne ressembles pas au dieu de l’erreur humaine, tu ne demandes ni prières ni louanges. Le caprice de la faible volonté de l’homme ne peut pas plus être attribué que les passions inconstantes de son cœur à ton immuable harmonie. L’esclave dont les horribles convoitises répandent la misère sur le monde, et l’homme de bien qui met un vertueux orgueil à élever son être, en vue du bonheur qui naît de ses propres œuvres ; l’arbre empoisonné à l’ombre duquel toute vie se flétrit, et le chêne magnifique dont le dôme de feuillage offre un temple où s’enregistrent les noms de l’amour heureux, sont égaux à tes yeux. Tu ne caresses ni l’amour, ni la haine ; revanche et favoritisme, les pires des désirs, ceux de la gloire, te sont inconnus. Tous les êtres que contient le vaste monde ne sont que tes passifs instruments ; et tu les regardes tous d’un œil impartial ; tu ne peux ressentir ni leurs joies ni leurs peines, puisque tu n’as pas un sentiment humain, puisque tu n’as pas un esprit humain !

« Oui ! Quand l’ouragan balayant du temps aura chanté son chant de mort sur les temples ruinés et sur les autels brisés du tout-puissant démon dont le nom usurpe les honneurs qui te sont dus ; quand le sang, à