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64 œUVRES POÉTIQUES DE SHELLEY

salions battaient en harmonie avec les sphères planétaires ; alors s’éleva une suave musique, de concert avec les cordes vitales de lame ; celle-ci palpitait en doux et langoureux battements, trouvant une nouvelle vie dans une mort transitoire. Tels les vagues soupirs d’un vent du soir, éveillant les petites vagues de la mer assoupie, qui meurt en exhalant son souffle, et tombe et s’élève, faiblit et grandit par accès, tel était le pur courant de sentiment qui jaillissait de ces notes suaves, et sur les sympathies humaines de l’Esprit roulait paisiblement avec un mouvement doux et calme.

La joie pénétra l’Esprit, — la joie d’un amant qui voit l’élue de son âme dans le bonheur, qui est témoin de la paix de celle dont la souffrance lui était plus amère que la mort, qui voit sa joue reprendre sa fraîcheur et se colorer peu à peu du vif éclat de sa première santé, et tressaille devant ces yeux adorés, qui, semblables à deux astres au milieu de l’Océan soulevé, étincellent à travers des larmes de bonheur.

Alors, triomphante, la Reine des Fées parla : « Je n’évoquerai pas le spectre des âges écoulés pour déployer les redoutables secrets de la science. Désormais, le présent est passé, et les événements qui désolent la terre ont disparu de la mémoire du Temps, qui n’ose pas donner la réalité à ce dont j’annule l’être. C’est à moi qu’il est donné d’observer les prodiges du monde humain, espace, matière, temps et esprit. L’Avenir expose maintenant ses trésors ; que cette vue renouvelle et fortifie ton espoir défaillant… Esprit humain ! élance-toi vers ce terme, où la Vertu fixe la paix universelle et, au milieu du flux et du reflux des choses humaines, montre quelque chose de stable,