Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 2.djvu/164

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du bonheur. Semblable au chef des Démons, je portais l’enfer en moi-même ; sans avoir son génie, je voulais déraciner les arbres, répandre le ravage et la destruction autour de moi ; et, après avoir assouvi ma fureur, m’asseoir sur les ruines, et en jouir.

» Je ne pus supporter ce dérèglement de sensations ; je me sentis accablé par l’excès de l’exercice auquel je m’étais livré, et je tombai sur la terre humide dans la faible impuissance du désespoir. Parmi les hommes, nul n’avait pitié de moi, nul ne me prêtait assistance : devais-je amitié à mes ennemis ? Non. De ce moment, je déclarai une guerre éternelle à l’espèce humaine, et surtout à celui