Page:Shelley - Frankenstein, ou le Prométhée moderne, trad. Saladin, tome 2.djvu/201

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le voisinage de l’homme, et que nous irons habiter dans le lieu le plus sauvage. Je ne serai plus animé par le mal, car je connaîtrai la sympathie : ma vie s’écoulera tranquillement ; et, à mes derniers momens, je ne maudirai pas mon créateur ».

Ses paroles firent sur moi un effet étrange. Je fus touché de compassion, et je sentis un moment le désir de le consoler ; mais, en le regardant, en voyant la masse informe se mouvoir et parler, mon cœur se souleva, et mes sentimens furent ceux de l’horreur et de la haine. Je m’efforçai de les étouffer. Je pensai que, dans l’impossibilité de sympathiser avec lui, je n’avais pas droit de le priver