Page:Sicard - Le Laurier Noir, 1917.djvu/56

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Que de réfugiés, au pas de leurs charrettes,
Navires secourant les débris des foyers,
S’en vont, sous un orgueil qui s’est humilié,
Clapoter dans la boue où l’acier se reflète !

Comment résistes-tu, route, à tant de pitié ?
Sur tes cailloux le deuil fait un pèlerinage ;
Tu montes vers des croix et les corbeaux sauvages,
Aveuglés par le sang, cherchent à te piller.

Hérode à l’horizon suit tes saintes familles.
Vierges et charpentiers sanglotent dans la nuit.
Dans un camp de soldats une lanterne brille.
Descend vers la lumière, ô route sous la pluie !…