Page:Siefert - Les Stoïques, 1870.djvu/116

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Les cendres des brûlés sont précieuses graines.
Agrippa d’Aubigné.
(Les Tragiques, livre iii.)


Le ciel est sombre, il pleut, &, la tête lassée
De l’incessant & sourd travail de ma pensée,
Je songe, assise auprès du feu mourant. La nuit,
Dans les plis de sa robe étouffant chaque bruit,
Fait tomber sur la terre un lourd sommeil sans rêve.
Mais dans ce grand silence extérieur s’élève
La voix qui parle au fond de toute âme : j’entends
Les mots impérieux qui traversent les temps,
Que Moïse épelait à son peuple farouche,
Que les prophètes ont passé de bouche en bouche
À Jésus, & qu’il dit, lui, du haut de la croix ;
Que saint Paul foudroyé recueillit ; qu’à la fois