Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui ne devait jamais finir :
Le foyer, les soins du ménage,
C’était, à la fleur de mon âge,
Tout ce que j’ambitionnais ;
Et, les yeux pleins de ce mirage,
Malgré les menaces d’orage,
Au courant je m’abandonnais.

Aujourd’hui, sans trouble ni peine,
Ni remords, je songe au passé.
Tout a fui, l’amour & la haine
Qui tenaient mon cœur oppressé.
Je sonde ma vieille blessure,
Et, presque en tremblant, je m’assure
Que je survis à tant d’efforts.
Tel, à la fin d’une campagne,
Sous l’émotion qui le gagne,
Un général compte ses morts.

Lors de ma dix-septième année,
Je rêvais la vie ; à présent
Je la juge, encore étonnée,
Mais ne blâmant ni n’accusant.
Beaucoup d’illusions chéries,