Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/159

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VOYAGE.


Passer tout près, passer et regarder de loin,
Et frémir sans oser continuer la route,
Et refouler, de peur d’un indiscret témoin,
Ces derniers pleurs, tout prêts à couler goutte à goutte !

De lourds nuages gris que l’éclair déchirait
Cachaient tout l’horizon, & les minutes brèves
S’envolaient, ô suprême & douloureux regret !
Sans que j’eusse entrevu le pays de mes rêves.

Soudain un coup de vent, dont j’avais frissonné,
Troua du bout de l’aile un large pan de nue,
La montagne apparut le front illuminé,
Neigeuse & rose comme une vierge ingénue.