Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/75

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Quoi de plus naturel qu’il fût tout dans ma vie,
Que mon désir prévînt sa visite du soir,
Et que ma seule idée incessamment suivie
Fût toujours de le voir ?

Même au loin il savait occuper ma pensée,
Il écrivait souvent, il écrivait si bien !
Son amitié d’ailleurs était tout empressée
Et ne négligeait rien.

Lorsque, découragée en dépit de son zèle
Et triste, je cédais à l’ennui triomphant,
Laissant là ce long mot si froid : Mademoiselle !
Il disait : Pauvre enfant !

Il exauçait alors mes moindres fantaisies ;
Mais quand il disait : Non ! quel bonheur d’obéir !
Comme à ses volontés parfois au vol saisies,
J’immolais mon plaisir !

Comme je m’inclinais, moi qu’on dit indomptable,
Comme j’étais joyeuse en ma soumission ;
Comme je lui prouvais qu’un orgueil intraitable
Cède à la passion !