Page:Siefert - Rayons perdus.djvu/76

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Ah ! s’il m’avait aimée ou seulement comprise,
Comme il eût été fier de mon humilité !
À son lucide esprit, quelle étrange méprise
Cacha la vérité ?

Lui, qui me reprochait d’être presque trop franche,
N’ai-je donc pas trahi mon secret mille fois ?
N’a-t-il pas su me voir devenir toute blanche
Et demeurer sans voix ?

Le soin que je prenais de ma simple parure,
Quand nous allions au bal, ne lui parlait donc pas ?
Oh ! comment n’a-t-il point entendu le murmure
Qui montait sur nos pas ?

Sa place était toujours à mon côté marquée,
Jamais il ne perdait mon fauteuil du regard ;
Il en usait ainsi jusqu’à l’heure indiquée
Par lui, pour mon départ.

Et ceux qui l’avaient vu sous les yeux de ma mère,
De moi se rapprocher un peu plus chaque jour,
Disaient, l’ignorait-il ? disaient, quelle chimère !
Disaient : Amour, amour !