Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/149

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droit avais-je d’en être furieux et de troubler ainsi la tranquillité générale ? En quoi étaient-ils coupables ? Moi seul l’étais. Cette pensée aurait dû me rendre le calme ; elle produisit l’effet contraire… M’expliquer leurs rapports mutuels, me répéter qu’il ne s’était rien passé, reconnaître que mon inimitié à leur égard était injuste, tout cela m’était égal, car je sentais le malheur suspendu sur ma tête. Ce malheur était confus, indéfinissable ; je ne pouvais en accuser ni Mirza ni Hania, et il ne m’en semblait que plus redoutable. En outre, la pensée me vint que s’il n’y avait aucun motif de les accuser, il y en avait pourtant d’appréhender quelque chose. Il résultait de tout cela tant de nuances, de choses presque insaisissables, au milieu desquelles mon esprit sans malice s’embourbait et s’égarait comme dans une forêt obscure ! Je me sentais fatigué et abattu, comme après un long voyage, et de plus, une nouvelle pensée amère et doulou-