Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/199

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entre les roseaux, je m’imaginais être dans la chambre de Hania, à ses genoux ; il me semblait baiser ses mains, sa robe ; je l’appelais des noms les plus tendres, et elle posait sa main sur ma tête brûlante en disant :

— Tu as assez souffert ; oublie tout cela, ce n’était qu’un songe. Je t’aime, Henri !

Mais ensuite venaient le réveil et la réalité ; cet avenir morose comme un jour d’automne, sans Hania, jusqu’au bout de ma vie sans Hania, me semblait encore plus terrible. Je devenais de plus en plus sauvage ; je fuyais le monde, même mon père, le prêtre Ludvig et madame d’Ives. Kaz, avec son bavardage de jeune adulte, avec sa curiosité, son rire éternel et ses folies, m’ennuyait énormément. Et cependant ces braves gens s’efforçaient de me distraire et se désolaient en secret, ne pouvant rien comprendre à cet accablement. Hania — devinait-elle ou non le motif de mes tourments