Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/213

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Kaz se pressa d’aller transmettre mon ordre, et je rentrai doucement à la maison. Il me semblait que j’avais reçu un grand coup sur la tête ; à dire vrai, je ne savais que faire, ni comment agir ; j’avais surtout envie de pleurer et de crier.

Je n’avais plus aucun doute à présent : le cœur de Hania était perdu pour moi ; auparavant, je désirais m’en convaincre de visu, pensant que cette découverte m’enlèverait ce poids qui m’oppressait. Mais à cette heure, la colère avait pris le dessus ; je l’envisageais tout aussi froidement que possible, mais le manque d’assurance m’agitait le cœur ; j’étais sûr de mon malheur, et je ne savais comment lutter avec lui.

Mon âme était pleine de fiel, de fureur et de folie. La voix du sacrifice qui auparavant m’avait plus d’une fois parlé en me disant : « Sacrifie-toi pour le bonheur de Hania, plus que tous tu dois avoir souci d’elle, sacrifie-toi ! » — cette voix maintenant s’était