Page:Sienkiewicz – Hania, traduction Chirol.djvu/214

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tue à jamais. L’ange du chagrin muet, l’ange de la souffrance et l’ange des larmes s’étaient envolés loin de moi. Je me sentais comme un ver sur lequel on a marché, sans se rendre compte du mal qu’on lui faisait. Je permettais au chagrin de me traquer, comme des chiens de chasse qui sont après un loup, mais, acculé, déshonoré, moi aussi, comme le loup je commençais à montrer les dents. Une nouvelle force, la vengeance, ranimait mon cœur.

Je me mettais à ressentir une sorte de haine contre Sélim et Hania ; je perdrais la vie, je perdrais tout ce que je pouvais perdre, mais je ne leur permettrais pas d’être heureux. Pénétré de cette pensée, je la saisis au vol, comme un condamné à mort se cramponne à la croix. Je trouvais une solution à mes idées, l’horizon s’éclaircissait devant moi ; je respirai largement et en liberté, comme je ne l’avais pas fait depuis longtemps.

Je rassemblais mes pensées éparses pour