Page:Sieyès-Qu'est ce que le tiers état-1888.djvu/67

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assez courageux, etc., pour le représenter, et qu’il fallait recourir aux lumières de la noblesse… cette étrange assertion ne mérite pas de réponse. Considérez les classes disponibles du tiers état, et j’appelle, avec tout le monde, classes disponibles, celles où une sorte d’aisance permet aux hommes de recevoir une éducation libérale, de cultiver leur raison, enfin de s’intéresser aux affaires publiques. Ces classes-là n’ont pas d’autre intérêt que celui du reste du peuple. Voyez si elles ne contiennent pas assez de citoyens instruits, honnêtes, dignes, à tous égards, d’être de bons représentants de la nation. Mais enfin, dit-on, si un bailliage s’obstine à ne vouloir donner sa procuration du tiers qu’à un noble ou un ecclésiastique ? S’il n’a de confiance qu’en lui ?… J’ai déjà dit qu’il ne pouvait pas y avoir de liberté illimitée et que, parmi toutes les conditions à imposer à l’éligibilité, celle que le tiers réclamait était la plus nécessaire de toutes.

Mais répondons plus immédiatement. Je suppose qu’un bailliage veuille absolument se nuire ; doit-il avoir pour cela le droit de nuire aux autres ? Si je suis seul intéressé aux démarches de mon procureur fondé, on pourra se contenter de me dire : tant pis pour vous, pourquoi l’avez-vous mal choisi ? Mais ici les députés d’un district ne sont pas seulement les représentants du bailliage qui les a nommés, ils sont encore appelés à représenter la généralité des citoyens, à voter pour tout le royaume. Il faut donc une règle commune et des conditions, dussent-elles déplaire à certains commettants, qui puissent rassurer la totalité de la nation contre le caprice de quelques électeurs.

Deuxième demande du tiers

Que ses députés soient en nombre égal à ceux des deux ordres privilégiés.

Je ne puis m’empêcher de le répéter : la timide insuffisance de cette réclamation se ressent encore des vieux temps. Les villes du royaume