Page:Sieyès-Qu'est ce que le tiers état-1888.djvu/74

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Je n’accuse assurément pas les bonnes villes du royaume d’avoir eu cette intention. Elles ont voulu se rapprocher de leurs droits, en réclamant au moins l’équilibre entre les deux influences ; elles ont professé d’ailleurs d’excellentes vérités : car il est constant que le veto d’un ordre sur les autres serait un droit propre à tout paralyser dans un pays où les intérêts sont si opposés ; il est certain qu’en ne votant point par têtes, on s’expose à méconnaître la vraie pluralité, ce qui serait le plus grand des inconvénients, parce que la loi serait radicalement nulle. Ces vérités sont incontestables. Mais les trois ordres, tels qu’ils sont constitués, pourront-ils se réunir pour voter par têtes ? Telle est la véritable question. Non. À consulter les vrais principes, ils ne peuvent voter en commun, ni par têtes, ni par ordres.

Quelque proportion que vous adoptiez entre eux, elle ne peut remplir le but qu’on se propose, qui serait de lier la totalité des représentants par une volonté commune. Cette assertion a, sans doute, besoin de développement et de preuves : qu’on me permette de les renvoyer au sixième chapitre. Je ne veux pas déplaire à ces personnes modérées qui craignent toujours que la vérité ne se montre mal à propos. Il faut auparavant leur arracher l’aveu que la situation des choses est telle aujourd’hui, par la seule faute des privilégiés, qu’il est temps de prendre son parti et de dire ce qui est vrai et juste dans toute sa force.

Chapitre 4. Ce que le gouvernement a tenté et ce que les privilégiés proposent en faveur du tiers.

Le gouvernement entraîné, non par des motifs dont on puisse lui savoir gré, mais par ses fautes, convaincu qu’il ne pouvait y remédier sans le concours volontaire de la nation, a cru s’assurer, de sa part, un consentement aveugle à tous ses projets, en offrant de faire quelque chose pour elle. Dans cette vue, M De Calonne proposa le plan des assemblées provinciales.

1. Assemblées