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nous tout d’un coup à l’ambition de vouloir nous-mêmes servir d’exemple aux nations. Aucun peuple, dit-on, n’a mieux fait que les Anglais. Et quand cela serait, les produits de l’art politique ne doivent-ils être à la fin du XVIIIe siècle que ce qu’ils ont pu être dans le XVIIe ? Les Anglais n’ont pas été au-dessous des lumières de leur temps : ne restons pas au-dessous des lumières du nôtre. C’est ainsi qu’on imite quand on veut se montrer digne de marcher sur les traces des bons modèles. Surtout, ne nous décourageons pas de ne rien voir dans l’histoire qui puisse nous convenir. La véritable science de l’état de société ne date pas de loin. Les hommes ont construit longtemps des chaumières avant d’être en état d’élever des palais. Il y a de bonnes raisons pour que l’architecture sociale ait été plus lente dans ses progrès que cette multitude d’arts qui s’associent parfaitement avec le despotisme.

Chapitre 5. Ce qu’on aurait dû faire principes à cet égard.

« En morale, rien ne peut remplacer le moyen simple et naturel. Mais plus l’homme a perdu de temps à d’inutiles essais, plus il redoute l’idée de recommencer, comme s’il ne valait pas toujours mieux recommencer encore une fois et finir, que de rester à la merci des événements et des ressources factices, avec lesquelles on recommencera sans cesse sans être jamais plus avancé. »

Dans toute nation libre, et toute nation doit être libre, il n’y a qu’une manière de terminer les différends qui s’élèvent touchant la constitution. Ce n’est pas à des notables qu’il faut avoir recours, c’est à la nation elle-même. Si nous manquons de constitution, il faut en faire une ; la nation seule en a le droit. Si nous avons une